Par Patient Mubiayi MBY
Luxembourg, considéré comme le dernier verrou sur les sanctions ciblées contre le Rwanda par l’Union européenne, durcit encore sa position. Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et du Commerce extérieur a justifié sa décision en réponse à une question parlementaire posée par un député du parlement luxembourgeois.
Lors de son intervention ce vendredi 28 février 2025, pour répondre à la question du parlementaire David Wagner sur les raisons du blocage des sanctions contre le gouvernement de Kigali par un veto du Luxembourg, le ministre a déclaré qu’il prend très au sérieux la dégradation de la situation sécuritaire à l’Est de la RDC. Cependant, sa position se justifie par un engagement envers une approche « graduelle, pragmatique et réversible » de la situation sur le terrain. Selon lui, la situation sécuritaire à l’Est de la RDC n’a pas de solution militaire. Le Luxembourg évalue « les mérites de tous les moyens à sa disposition et à ceux de l’Union européenne pour infléchir la trajectoire de la crise ».
« Concernant les mesures de l’UE en réaction à la crise, tenant compte de l’importance du respect du droit international ainsi que de nos intérêts à long terme dans la région, le Luxembourg s’engage auprès de ses partenaires pour une approche graduelle, pragmatique et réversible, qui garde la porte ouverte à un dialogue afin de pouvoir répondre aux évolutions sur le terrain, sans nuire à ceux qui ont le plus besoin de notre aide », a-t-il déclaré.
Pour mettre fin au blocage et permettre à l’Union européenne de sanctionner le Rwanda pour son soutien au mouvement du 23 mars, le Luxembourg attend les résultats de la réunion ministérielle conjointe EAC-SADC qui se tient à Harare, au Zimbabwe, si ces derniers n’ont pas d’effets sur le terrain.
« Ces sanctions seront adoptées en l’absence de développements concrets dans le cadre des efforts de médiation en cours. Une réunion ministérielle SADC-EAC est prévue le 28 février 2025 à Harare, et ses résultats permettront à l’Union européenne d’évaluer si des avancées concrètes se produisent sur le terrain », a-t-il ajouté, avant de signaler qu’il suit de près la situation en « concertation étroite avec l’ambassade du Luxembourg à Kigali et la représentation permanente du Luxembourg auprès de l’Union européenne ».
Le Luxembourg est le seul pays parmi les 27 membres de l’UE à bloquer les sanctions ciblées contre Kigali, déjà avalisées par l’Union européenne. Xavier Bettel soutient par ailleurs les processus combinés de Luanda et de Nairobi pour parvenir à une paix durable dans la région des Grands Lacs.