Par Démosthène KALUBI
La toile est débordée depuis l’annonce par le chef de l’État congolais Félix Tshisekedi de voir la Constitution de la RDC être modifiée pour donner de l’élan dans la marche de la République. Depuis lors, les congolais tirent à boulet rouge sur le fils du sphinx, le titillant d’avoir pris une tendance ostentatoire et dictatoriale.
De la société civile à la classe politique, personne ne veut donner la chance aux explications données par Félix Tshisekedi à la Voix de l’Allemagne ( Deutsche Welle) à laquelle, il a accordé l’interview, il y a peu. Pour Félix Tshisekedi, la Constitution en vigueur en RDC est à la base de blocage de la marche du pays notamment sur la sortie du gouvernement et la proportionnelle en matière électorale.
En réaction, Jean-Claude Katende,président de l’ASADHO, une structure de la société civile impliquée dans la défense des droits humains, pose un questionnement dubitatif quant au changement de la constitution.
«Est-ce que c’est la Constitution qui empêche la mise en place du Gouvernement ? Ma réponse est non. Le désordre, la mauvaise gestion des ambitions et la gourmandise des sociétaires de l’UNS sont à la base de tout ça. Pendant longtemps,avec la même constitution, on disait que si le Président Tshisekedi à la majorité, tout marchera comme sur des roulettes. Aujourd’hui, le Président dit que c’est la Constitution qui bloque la mise en place du gouvernement. C’est faux. Le problème est ailleurs», s’est-il interrogé.
À l’en croire, le Président Kabila a géré ce pays pendant 14 ans avec la même constitution. Il mettait en place les gouvernements, il les remaniait comme il l’attendait sans problème. «Si le Président Tshisekedi ne sait pas faire fonctionner le pays avec la même constitution, ce que le problème,c’est lui-même», tacle Jean-Claude Katende.
L’opposition politique n’est pas du reste, le député honoraire, Claudel Lubaya juge inopportun, le débat sur la modification de la Constitution qui risque d’empoisonner le débat public et entraîner le pays vers un saut inconnu.
«Dans cette période exceptionnelle où les tensions politiques enflamment le pays et empoisonnent le débat public, il est nécessaire que le président de la République s’abstienne des propos de nature à entraîner le pays vers un saut dans l’inconnu. Le débat sur une éventuelle réforme constitutionnelle est une énième diversion de la part du Président de la République pour se défausser de ses responsabilités en ciblant la constitution comme bouc émissaire», dit-il.
Pour Lubaya, la réforme constitutionnelle est un acte de grande portée politique qui ne doit plus etre posé pendant cette période où la République connaît une instabilité institutionnelle.
«Toute réforme constitutionnelle requiert un minimum de consensus des acteurs, une large vision, une forte cohérence de l’action gouvernementale, une forte stabilité institutionnelle et surtout une forte confiance des citoyens dans les institutions ; ce qui n’est pas le cas en ce moment où le pays est sous la coupe des institutions sans aucune once de légitimité des urnes ni d’autorité pour poser des actes de grande portée politique».
Cité très dernièrement comme bras séculier de la coalition M23-AFC/RDF à Kinshasa, le président du CNSA, Joseph Olenghankoyi, n’est pas d’avis que la Constitution soit modifiée.
«C’est politiquement vicieux de croire que la constitution ralentit ou bloque la mise en place du gouvernement. Le changement de la constitution ou la modification des articles doit viser l’intérêt public et est assortie de règles très strictes,ainsi l’a voulu le constituant», dixit le président de la FONUS.
Il justifie sa position par le fait que la modification envisagée risque de livrer la Constitution à la majorité parlementaire changeante chaque quinquennat au risque qu’un dirigeant,…ultra puissant soit il,irrespectueux des textes légaux, envisage malicieusement de la modifier pour sa longévité au pouvoir.