Par Siméon Isako
L’Inspection Générale des Finances (IGF) a franchi un nouveau cap sous la présidence de Félix-Antoine Tshisekedi. Le mardi 8 octobre 2024, le chef de l’État a inauguré un nouveau bâtiment administratif ultramoderne, baptisé « Immeuble Étienne Tshisekedi wa Mulumba », en plein cœur de Kinshasa, sur l’avenue des Forces Armées de la République démocratique du Congo, dans la commune de Gombe.
Un édifice moderne et transparent
Érigé sur une surface de 7.800 mètres carrés, ce bâtiment flambant neuf comporte huit étages, 146 bureaux de 30 m² chacun, cinq salles de réunion de 40 places, une salle de conférences pouvant accueillir 275 personnes, ainsi que trois ascenseurs. Il est également doté de 48 toilettes, 20 places de parking intégrées et 180 caméras de surveillance pour garantir la sécurité. Le coût total de construction, estimé à 8,4 millions USD, représente un investissement de 1.080 USD par mètre carré, un exemple de transparence dans la gestion des fonds publics.
Un contraste frappant avec le passé
La gestion orthodoxe menée par Jules Alingete à la tête de l’IGF contraste fortement avec celle de certains projets précédents en RDC. Un exemple notable est l’Immeuble Intelligent, réalisé sous le mandat de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo. Cet édifice de 11 étages, inauguré en 2015, a coûté au trésor public 41,7 millions USD, alors qu’il était initialement budgétisé à 26 millions USD pour une surface de 23.329 m². Cette surfacturation a souvent été critiquée, notamment du fait que Matata Ponyo aurait, par la suite, utilisé les mêmes matériaux pour construire un hôpital et une université privés dans sa province d’origine, le Maniema.
Des doutes similaires entourent l’ancien ministre des Finances Nicolas Kazadi, qui a dirigé deux projets d’infrastructures majeurs, le Centre financier de Kinshasa et le Kinshasa Arena.
Des projets controversés sous Kazadi
Le Centre financier de Kinshasa, lancé en juin 2022, devait initialement coûter 290 millions USD. Cependant, la facture finale aurait atteint près de 400 millions USD pour la construction des deux tours jumelles. Quant à Kinshasa Arena, un projet de 115 millions USD destiné à offrir une capacité de 20.000 places pour des événements sportifs et culturels, les travaux sont à l’arrêt depuis plusieurs mois, laissant l’édifice inachevé. Malgré cela, l’entreprise turque « Summa », en charge des travaux, aurait perçu la totalité du financement.
Une gestion exemplaire à l’IGF
Contrairement à ces projets entachés de soupçons, l’IGF, sous la direction de Jules Alingete, a réussi à ériger son nouveau bâtiment sans recourir à un financement extérieur. Lors de l’inauguration, Alingete a révélé que les travaux ont été réalisés grâce aux fonds propres de l’IGF, conformément aux règles strictes de gestion publique.
L’une des innovations introduites par la gestion de l’IGF est l’allocation des fonds de fonctionnement : 60 % pour la motivation du personnel, 20 % pour les investissements, et 20 % pour les autres dépenses de fonctionnement. Cette approche a permis une amélioration notable des conditions de travail, notamment une augmentation de salaire de quatre fois pour les inspecteurs des finances et l’acquisition de plus de 280 véhicules pour les agents de l’IGF.
En outre, les inspecteurs généraux ont pu bénéficier d’un crédit immobilier, leur permettant de rénover ou acquérir des propriétés. L’ensemble des inspecteurs nouvellement recrutés devraient aussi être éligibles à ce programme d’ici trois mois. Toutes ces mesures visent à protéger l’intégrité des agents en les mettant à l’abri de la tentation de la corruption.
Un symbole de lutte contre les antivaleurs
Baptisé en hommage à Étienne Tshisekedi wa Mulumba, figure emblématique de la lutte contre les antivaleurs, ce bâtiment symbolise un changement radical dans la gestion des infrastructures publiques. Réalisé en seulement deux ans, il reflète la volonté du régime actuel d’adopter une approche plus transparente et responsable dans la gestion des finances publiques.













