Par Patient MBY
Dans son rapport daté du 14 août dernier, parvenu ce mardi 16 septembre à REPORTER.CD, l’Association congolaise de droits de l’homme (ACDHO), a répertorié plus de 100 cas de justice populaire survenus dans la ville de Kananga et dans les périphéries, au Kasaï-Central, au cours de ces trois dernières années.
D’après ce document, 10 personnes ont été tuées par justice populaire depuis le début de l’année 2025. Les victimes de cette justice populaire sont souvent des présumés voleurs et des voleurs. D’autres cas résultent de conflits communautaires et familiaux, sans que les auteurs ne soient poursuivis.
« Bien que fonctionnent les institutions judiciaires de manière effective dans la province du Kasaï-Central, la justice populaire se présente comme mode de règlement des faits sociaux et fait gravement des victimes, non seulement des atteintes à la vie, à l’intégrité physique, mais également à l’incendie et au pillage des biens. La justice populaire ne prend pas seulement la forme d’incendie, pillage, tuerie et d’atteinte à l’intégrité physique, mais aussi entraîne des mouvements de déplacement massif des gens qui sont parties au conflit, ce qui en est une autre forme », s’inquiète Padinganyi Muashalabo, coordonnateur de l’ACDHO au Kasaï-Central.
Ce rapport révèle que la multiplication des cas de justice populaire dans la province du Kasaï-Central est due au manque de confiance de la population envers la police nationale congolaise et les instances judiciaires, qu’elle accuse de complaisance et de corruption face aux criminels arrêtés parfois en flagrant délit dans les villes de la région du Kasaï.
L’ACDHO déplore ce climat de méfiance qui s’installe progressivement entre les services de sécurité, la justice et la population, qui ont dans leurs prérogatives la protection des personnes et de leurs biens ainsi qu’une justice équitable contre les fauteurs de troubles. L’ampleur de la justice populaire prouve la lassitude de la population face aux dérives de ces services et sa détermination à se prendre en charge face à la criminalité.
Face à cette crise de confiance, l’Association congolaise de droits de l’homme appelle les autorités sectorielles à diligenter des enquêtes criminelles pour appréhender les responsables des crimes et entamer des poursuites judiciaires à leur encontre, ainsi qu’à renforcer la lutte contre l’insécurité et la criminalité urbaine.













