Par Patient MBY
La tempête qui frappe les Assemblées provinciales de la République démocratique du Congo semble se généraliser. Entre pétitions, motions de déchéance, destitutions en cascade et démissions anticipées, les tensions montent graduellement dans les organes délibérants ces derniers jours, dessinant une crise institutionnelle dans un contexte où la session de septembre est consacrée à l’examen du budget.
L’Assemblée provinciale du Kongo-Central, à l’ouest du pays, a été la plus secouée, avec la déchéance de deux membres de son bureau — le président Papy Mantezolo et le vice-président Joseph Nsalambi — suivie de la démission du rapporteur Victor Nsuami Mpaka. La procédure ayant conduit à ces destitutions a été d’une extrême brutalité : une audience initialement prévue pour l’examen des pétitions a dégénéré en violents affrontements entre députés favorables et opposés à la motion. L’altercation, marquée par des échanges physiques sanglants, a fait plusieurs blessés, dont deux députés et des journalistes, en plus de nombreux dégâts matériels.
Parallèlement, la province du Haut-Lomami, issue du découpage de l’ex-Katanga, située au sud du pays, traverse également une zone de turbulences. Trois motions de déchéance ont été déposées en l’espace de quarante-huit heures. Fait surprenant : le questeur, déjà visé par une motion initiée par le député Fortune Mbayo Dianda, a, à son tour, saisi le président de l’organe délibérant — lui-même dans le collimateur du député Jean Tayari Kiswabantu — pour déposer une motion contre la vice-présidente Colette Mwanza Ina Mfumu. Si les véritables raisons de ces démarches parlementaires restent floues, des sources proches du dossier évoquent des soupçons de détournement d’émoluments et des accusations de mauvaise gestion.
Cette énième crise rappelle les nombreuses instabilités institutionnelles qu’a connues cette province depuis son démembrement. Le Haut-Lomami s’illustre en effet par la succession de destitutions de gouverneurs et de présidents d’Assemblées, au détriment du développement provincial, souvent sacrifié sur l’autel des querelles d’intérêts personnels.
La Tshopo n’est pas épargnée. Le jeune président de son Assemblée provinciale, Mateus Kanga, et son bureau sont à leur tour sur la sellette. Ils sont accusés de détournement de 200 000 dollars américains versés par la société FRIVAO pour la réhabilitation du bâtiment abritant l’Assemblée, ainsi que de 50 millions de francs congolais issus des contributions des députés et sénateurs de la province. Les griefs portent également sur une gestion opaque des frais de fonctionnement, la violation des procédures de passation des marchés publics et un outrage grave envers certaines autorités nationales et provinciales.
En réaction, Mateus Kanga a dénoncé une cabale politique orchestrée, selon lui, par le gouverneur Paulin Lendongolia Lebabonga, lui-même cité dans plusieurs affaires présumées de détournement et de dilapidation des deniers publics.
Ces multiples tensions au sein des Assemblées provinciales à travers le pays révèlent la crise profonde qui mine les institutions congolaises. Elles mettent en lumière des luttes d’intérêts personnels entre élus, souvent prêts à manœuvrer dès lors que leurs privilèges sont menacés, reléguant au second plan les priorités sociales et économiques des populations qu’ils sont censés représenter. Au lieu d’examiner les budgets destinés au fonctionnement des gouvernements provinciaux, l’heure semble être à la bataille politique et aux évictions opportunistes.













